dimanche 12 décembre 2010

Gunshots and Chakras

Chers tous,


Des anecdotes comme celle-là j'en ai tellement... Un beau jour, j’ai croisé Alec Baldwin près de Gramercy Park en route pour le boulot et puis, après le boulot, Vampire Weekend au boulot… en train de faire la promo de leur nouvel album. C'est ça la magie de Disneyland New York! Mais je voulais vous parlez d'autre chose. J’ai reçu un email horrifiant d'une amie m’informant indirectement que le centre de méditation qui a organisé les séminaires que j’ai suivis à New York, fondé par Sri Chinmoy, est considéré en France comme une secte ! Et bien je l’ai échappé bel on dirait ! De toute façon, comme vous l’avez lu, j’en étais arrivée par moi-même à la conclusion que la méditation/abstinence ça ne me convenait pas. Alors je me suis dit que je pourrais tenter le yoga, combinaison parfaite de sport et de relaxation, n’est-ce pas ? Attention, là je vais faire une phrase qui va vous paraître absurde, mais je vous préviens, tout est vrai… Brace yourselves !

Donc un samedi matin, je me mets en route pour un cours de yoga après une soirée bien arrosée (puisque j’avais laissé tomber la méditation), qui avait commencé uptown avec la famille de mon Américain, et finie downtown dans un bar-karaoké pour l’anniversaire de son amie chanteuse d’opéra ; ensuite j’avais dû dire au revoir à mon Américain qui allait passer une semaine dans un camp de nudistes gays pour tourner un film de commande très bien payé ; avant d’aller me coucher et de me faire réveiller au milieu de la nuit par un son évocateur de films de gangsters, et de me dire « c’est pas possible, s’il s’agissait vraiment de coups de feu, je devrais déjà entendre les sirènes de police » ; et de me demander mollement si ma colocataire qui fait barmaid tous les vendredi soirs était déjà rentrée ; et puis de me rendormir aussi sec en songeant « enfin bon, c’est New York quand même »… Ouf !

Turns out… Oui, il s’agissait bien d’un meurtre, dans ma rue (Alphabet City), juste en face du bar-karaoké où j’étais quelques heures plus tôt et, non, ma coloc n’était pas encore à la maison au moment des faits, elle est passée plus tard juste à côté des voitures de police que je n’avais pas entendues dans mon demi-sommeil. Je réalise donc en sortant de chez moi ce matin là qu’on est bien aux Etats-Unis, que certaines personnes se baladent bien avec des armes à feu en toute liberté (si seulement il y avait aussi une Statue de l’égalité, de la fraternité, et même de la laïcité ici ce serait pas mal !), et qu’Alphabet City reste fidèle à sa réputation du dernier quartier downtown parfois craignos tard le soir… bon esprit pour commencer ma matinée de yoga!

Ma dernière (et seule ?) expérience de ce "sport" c’était du temps de mes années d'étudiante à Lyon, quand j’allais au club de gym de l’autre côté du pont… Avec mes colocs on s’étaient inscrites toutes ensemble, mais j’étais la plus assidue (héhé), la chouchoute de Maurice, notre prof body-buildé décrépi. Dans mes souvenirs, le yoga c’était de l’encens, la voix suave de Maurice, la positon du lotus, les exercices de respiration et… il faut bien le dire, assez chiant ! Depuis que j’avais commencé à courir, j’avais trouvé ma drogue la plus saine, mais, dernièrement, mes genoux était devenus un peu trop fragiles, c’est pourquoi je recommençais à songer au yoga. Et puis le yoga c’est soooooo New York.

C’est tellement populaire ici que je croise en permanence des hipsters avec leur Mud coffee (le café pour les anti-Starbucks altermondialistes du East Village) dans une main et leur tapis de yoga dans l’autre… C’est tellement populaire qu’il existe des clubs aux quatre coins de la ville qui proposent toutes sortent de variations obscures pour les néophytes comme moi : Hatha Yoga, Bikram Yoga, Ashtanga Yoga, sur Wikipedia ils listent aussi le Doga=Dog Yoga, et pour les exhibitionnistes, le Naked Yoga… C’est tellement populaire que le New York Times peut publier un article de trois pages à propos du yoga dans sa section gastronomie. C’est tellement populaire qu’il existe une marque de vêtements spécial yoga, "lululemon", qui vend des caleçons à plus de 100 dollars comme des petits pains. Conclusion, la pratique du yoga est tellement populaire… que c’est un luxe ! New York, la ville paradoxe, je vous le répète ! Car la philosophie du yoga c’est plutôt l’humilité et la frugalité, il me semble ! Heureusement, il existe une association ("Yoga to the People") qui propose des cours gratuits ou presque : il faut faire une donation.

Sans hésiter, je me dirige vers leurs locaux, et me retrouve pour mon premier cours de yoga New Yorkais dans une salle bondée où chaque centimètre compte pour faire réussir à rentrer tous ces généreux donateurs… Ça commence bien ! Il y a tellement d’élèves que je distingue à peine la prof, mais je dois pourtant réussir à adopter des positions qui ne me sont ni familières, ni naturelles, et encore moins confortables… Je prends pour modèle l’une des filles situées à mes côtés qui a l’air de savoir ce qu’elle fait et tente de créer l’illusion que moi aussi je peux être un "Downward Facing Dog", "Upward Facing Dog", "Awkward Chair", "Warrior I", "Warrior II".


L’horreur ! Je transpire parce que c’est l’été. Beaucoup. Lorsque j’essaye de passer ma jambe par dessus mon épaule en bloquant avec mon bras (enfin, un truc dans le genre), et bien ça glisse ça glisse ça glisse… En plus la position "de repos", c’est à quatre pattes avec tout le poids du corps dans les avant-bras, je vous dis pas comme c’est pas du tout reposant ! Et avec ça, je suis censée me détendre malgré la consternation que provoquent chez moi les soupirs et gémissements extatiques de mes camarades de classe, je suis censée respirer en harmonie avec les mouvements erratiques de mon corps afin de profiter de ces sensations pleinement, le tout coincée entre la baba cool qui ne se rase pas les aisselles et le mec en transe spirituelle au torse nu luisant, pendant que la prof, béate, conclut la séance, par trente secondes de philosophie de supermarché. Mais où est Maurice ? 

Rétrospective "Gunshots and Chakras": 
Klute (Alan J. Pakula, 1971)

4 commentaires:

  1. Merci à toi Marion !! Enfin je sais maintenant où vous tous ces gens avec leur yoga-mat lorsqu'ils envahissent les trottoirs de St Marks place, pour disparaitre tout d'un coup derrière une porte mystérieuse qui dit seulement "yoga to the people".
    Mais bon, je prends l'occasion de cet article pour développer une question que j'ai mis dans mon premier commentaire, mais je la replace discrétement ici pour diminuer son coté obsessionnel, mais je me demande pourquoi il y a tant de français à New York? Selon des sources bien informée (ambassade), hormis les touristes, il y aurait 70.000 français à New York. 70.000 ! c'est beaucoup tout de meme... c'est la taille d'une ville de province... genre... Poitiers par exemple :)
    Mais que font-ils tous ici? Bon, je vais éviter la parano, mais par exemple, ce soir, je rentre dans ma petite colloc de l'east village, sur 2nd avenue et 3rd street, et là, au dessus de chez moi, paf ! une fète de français, avec une 50aine de français qui débarquent festoyer toute la nuit en chantant des chansons du Top50... moi qui pensait etre loin de mon pays natal...

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  2. Pour ton prochain article, pourrais-tu nous parler des hipsters? ce fascinant animal...

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  3. Le hipster un animal fascinant! En attendant que je trouve l'inspiration, un très bon article de mon journal chéri: New York Magazine, http://nymag.com/news/features/69129/

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  4. Et pour répondre à ta question sur les Français à New York, je pense qu'il y en a autant d'abord car il y a beaucoup d'opportunités ici, le dépaysement est tout à fait gérable, et surtout, c'est l'Amérique que les Français s'autorisent à aimer. Les New Yorkais eux-mêmes s'en vantent, la grosse pomme ce n'est pas le Midwest, la ville est perçue un oasis de bon goût et de liberté de penser...

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