vendredi 9 décembre 2011

Christmas Pudding

Chers tous,

Pour ceux qui restent ici pour les fêtes, un Noël français à New York c’est possible ! (certes, moins authentique) :

-Si on cherche bien on trouve ici des calendriers de l’Avent (pour moi ce fut chez Barnes and Nobles)

-Pour les huitres, New York regorge d’Oyster Bars… se méfier quand même de la recette populaire aux Etats-Unis des fried oysters (« beignets d’huitres »).

-Merci Maman qui m’a envoyé tout un stock de foie gras en parfaite légalité ! Sachant que ce sera banni en Californie à partir de 2012, ils ont intérêt à se gaver là-bas cette année !

-La Boulangerie (comme son nom l’indique, une authentique boulangerie française) vient d’ouvrir dans le Queens. Elle vaut le détour rien que pour le sourire béat et l’accent à couper au couteau (à pain, haha !) du propriétaire qui ne doit pas encore en revenir du succès impressionnant de sa petite enseigne.

-Le super supermarché Trader Joe’s vend en édition limitée des truffes importées de France (mais vu la liste des ingrédients, je serais plutôt tentée de reproduire la recette de ma grande-tante Jacqueline).

-La pâtisserie Financier (encore un entrepreneur français qui marche fort à New York) a sorti ses Yule Logs annuelles ! Qui avait deviné que c’était la traduction de Bûches de Noël ? (Heureusement il y a la photo qui va avec !)

-Le vin chaud se trouve sur les marchés de Noël, il suffit de savoir commander un mulled wine. Et mon conseil serait d’éviter le cider américain. En règle générale, il s’agit simplement d’un jus de pomme amélioré (les plus malins y ajoutent un shot de bourbon pour le rehausser !)

-le MoMA présente la première américaine du Père Noël est une ordure (avec seulement presque 30 ans de retard !!!) : « The film is to French Christmas-time what It’s a Wonderful Life is for American audiences, and in terms of quotability it approaches Casablanca, in that every other French person seems to know the film by heart. »

Happy holidays to all! (Restons politquement correct!)

Rétrospective "Christmas Pudding": 
The Shop Around the Corner (Ernst Lubitsch, 1940)
Le père Noël est une ordure (Jean-Marie Poiré, 1982)
Home Alone (Chris Columbus, 1990) 
The Nightmare Before Christmas (Henry Selick, 1993)
Y'aura-t-il de la neige à Noël? (Sandrine Veysset, 1996)
Love Actually (Richard Curtis, 2003)
Un conte de Noël (Arnaud Desplechin, 2008)

vendredi 18 novembre 2011

Let’s fall for the Fall

Chers tous,

Autant la régularité avec laquelle les articles sont postés sur ce blog a quelque peu laissé à désirer ces derniers temps, autant le cycle des saisons à New York est 100% fiable. Et après l’été vient toujours l’automne, aussi sûrement que le pumpkin spice latte débarque chez Starbucks et que les WASP du Upper East Side bannissent le blanc de leur garde-robe (parce qu’au cas où vous n’étiez pas au courant, ça ne se fait pas de porter la couleur virginale passée la date fatidique du Labor Day, début Septembre !) Entre parenthèses : C’est une règle que je ne suis certainement pas, mais qui a quand même du bon sens quand y songe. Porter du blanc des pieds à la tête en plein blizzard doit être aussi distingué que mon chien Snoopy découvrant la neige pour la première fois de sa vie… le contraste pelage jauni sur blanc immaculé n’étant pas du meilleur goût !

Et l’automne ("Fall" en VO) est une saison que les New Yorkais, moi y compris, apprécient tout particulièrement…

- Mais attention, comme dirait ma meilleure amie New Yorkaise, l’automne est une saison-traître, le calme avant la tempête… de neige, donc. Il faut être bien préparé(e) météorologiquement. Depuis que je vis sur la côte Est des États-Unis, je n’ai jamais réellement investi dans un vrai manteau d’hiver. Certes, j’ai toujours été plus chic que les Canadiens (?) de passage par chez nous qui arborent des doudounes extra matelassées et extra longues (il n’y a que le bonnet, les gants et les moonboots qui dépassent), mais je reste une frileuse pathologique. C’est la raison pour laquelle cette année je me suis lancée à la recherche d’un intermédiaire correct entre la cape élégante qui laisse s’engouffrer l’air glacial comme dans les voiles d’un bateau et le sac de couchage sur pâtes. Après une visite infructueuse aux magasins de déstockage de Woodbury Common dans le New Jersey et un passage au peigne fin des rayons de l’étage du grand magasin Macy’s entièrement consacré aux manteaux, sans succès, alléluia ! j’ai trouvé mon bonheur chez Urban Outfitters. Je suis désormais l’heureuse propriétaire d’un manteau raisonnablement fashion, conçu pour protéger du froid efficacement, et qui rentrait dans mon budget. Alors rira bien qui rira le dernier… quand la première tempête de neige de l’année s’est abattue sur nous, le weekend d’Halloween (!!!), j’étais bien couverte et pouvais même prétendre être déguisée en petit chaperon rouge. Ma colocataire californienne au sang chaud, quant-à-elle, se baladait en costume de pin-up version années 1990 : elle incarnait le personnage de Kelly dans la série TV Sauvés par le gong ! Je déteste cet exhibitionnisme trash que les Américaines majeures et vaccinées ont mis à l’honneur pour Halloween, alors qu’il s’agit d’une fête principalement destinée aux enfants ! Heureusement pour elle, ma coloc en question a les cheveux très longs, car il n’y avait à peu près que ça qui pouvait la protéger contre la neige !

- Un autre moyen de combattre les premiers frimas de saison est de s’inspirer de la liste que le magazine Time Out New York publie tous les ans à la même époque : les meilleurs endroits pour boire un verre ou manger au coin d’un authentique feu de bois ! Un luxe dans un pays les cheminées à flammes à gaz (complètement aseptisées, avec fausses bûches, sans fumée, ni odeur) font fureur dans les maisons de banlieue.

- L’automne new yorkais est également marqué par un phénomène qui prend parfois des proportions ridicules : la "pumpkin mania". Dame citrouille fait son apparition début Octobre sur les marches des brownstones de Manhattan et de Brooklyn. Or ici il est plus probable d’avoir accès à un rooftop qu’à un jardin, ce qui n’est pas très propice à l’élevage des cucurbitacées, d’où l’invention géniale des pumpkin patches, en gros des champs de citrouilles ouverts au public en automne par les fermiers du coin, qui se font ainsi des rentrées d’argent supplémentaires. Les citrouilles sont ensuite éventrées, défigurées et illuminées afin de devenir des Jack-o'-lanterns juste à temps pour Halloween. Ce qui est un peu navrant c’est que certains New Yorkais ne font pas la connexion entre la chaire de la citrouille récoltée, pourtant si facile à cuisiner, et la citrouille en boîte. (Je soupçonne même certains d’être convaincus que la citrouille est naturellement parfumée à la cannelle, clous de girofle, noix de muscade, gingembre etc.) Ce qui rend l’effet d’annonce de mon supermarché préféré aberrant: ainsi, on y vend de la purée de citrouille bio en conserve en édition limitée pendant trois mois de l’année, comme s’il y avait une saison pour des produits qui ne se périmeront pourtant pas avant au mois 2013 ! Arrivé début Novembre, la citrouille est devenue omniprésente et sous des formes parfois très surprenantes : glace à la citrouille, pâtes à la citrouille, cheesecake à la citrouille, soupe à la citrouille, muffin à la citrouille, bière à la citrouille! Je crois que le pompon a été quand ma coloc m’a annoncé qu’elle revenait d’un dîner chez des amis sur le thème de… la citrouille (vous aviez deviné !), et que sa contribution avait été une préparation de "pumpkin hummus". Du coup, même pour moi qui suis fan… pas sûr que je sois d’humeur à engloutir la traditionnelle pumpkin pie de Thanksgiving, parce que d’ici fin du mois de Novembre, on aura déjà frôlé l’overdose !

- D’autres produits frais de saison font aussi leur apparition en automne, et quand les restaurants de New York se mettent à la page, il faut sauter sur l’occasion et commander le special ("plat du jour" en VF). Ainsi j’ai dégusté un excellent brunch chez le bien-nommé Good Restaurant dans le West Village: une omelette aux champignons chanterelles, courge caramélisée, éclats de châtaignes et brie. Et avant cela je m’étais ouvert l’appétit avec une tranche de cake à la citrouille, what else ?

- Une autre exclusivité gastronomique de la saison est la cranberry, une baie appelée canneberge en France, et à la saveur toute particulière ("tart" en Anglais). Un fruit génial quand il est bien cuisiné mais qui malheureusement n’est apprécié ici que pour deux raisons principales : en gelée rose fuchsia tremblotante pour accompagner l’incontournable dinde rôtie de Thanksgiving (un oiseau assez fadasse il faut bien le dire), ou en gélule pour prévenir les infections urinaires ! Ceux qui me connaissent bien savent que j’ai plusieurs obsessions fruitières: en juin la rhubarbe me picote, en juillet la cerise m’éclate, en août la figue me comble, en septembre la marionberry (omniprésentes lors de ma dernière visite à Seattle) me tutoie, et enfin en octobre la cranberry me détoxifie. Ce qui est rare est cher : non seulement la cranberry fraîche n’est disponible que quelques mois dans l’année, mais en plus elle ne pousse essentiellement que sur le continent Nord Américain. Conclusion : chaque automne je fais des stocks et remplis mon congélateur de ces petits rubis qui se conservent très bien ainsi !

- Sur ce, je vous dis à très vite sur ce blog… en attendant je vais aller me préparer une tisane candy cane, car oui, moi qui suis un inconditionnelle du café 365 jours par an, je me mets aussi provisoirement à "l’eau chaude" chaque année à l’automne ! 

Rétrospective "Let’s fall for the Fall":
A Clockwork Orange (Stanley Kubrick, 1971) 
Halloween (John Carpenter, 1978) 
Legends of the Fall (Edward Zwick, 1994) 
October Sky (Joe Johnston, 1999) 
Sweet November (Pat O'Connor, 2001)
The Holiday (Nancy Meyers, 2006)

dimanche 28 août 2011

Irene... really?

 Chers tous,

Irène: *** THE UPDATE!*** 

Je me lève tard ce matin, et ma première pensée est pour Irène. Je prends acte du silence et de la lumière vive qui passe à travers mes rideaux. Je me dirige immédiatement vers mon salon, car depuis ses fenêtres j’ai une vue imprenable sur mon quartier. 

Je suis prise de stupeur… Le Lavomatic est ouvert ! What !!! Les trottoirs sont secs et dégagés. Je vois des passants avec ou sans parapluies, comme si de rien n’était. La visite d’Irène dans le East Village, verdict : et bien ici on l'a sentie comme une grosse averse ! 

Quand je me suis couchée avec un temps pluvieux vers deux heures du matin hier soir (le but était de dormir pendant l’ouragan puisque, aux dernières nouvelles, le pic devait se faire sentir dimanche matin), le bar et le deli en face de chez moi étaient toujours ouverts ! J’aurais pu jouer au billard et acheter de la pâtée à chien en plein Irène si je le souhaitais ! 

Les vents n’ont jamais atteint une vitesse anormale ici et l'électricité a tenu bon. Donc si on imagine que je n’avais pas suivi les actualités, du tout du tout du tout ces derniers joursdu style je me bouche les oreilles "lalalala", et je ferme les yeux "aie, je me suis cognée"je n’aurais jamais vu la différence entre Irène et un gros orage. 

Est-ce normal que je sois un peu déçue ce matin ? Bien sûr mon quartier n’est pas représentatif de toute la région Nord Est qui, elle, a bien souffert. Je vais tâcher d'en savoir plus, merci le New York Times qui a un réseau de reporters plus étendu que celui de ce blog : ) 

En tout cas, je suis vraiment soulagée... je vais pouvoir faire ma lessive aujourd’hui, pas de linge sale qui s'accumule ! Je ne doutais pas un instant que les commerces rouvriraient dès que possible, mais là ça tient du miracle ! Et sachant que peut-être je serai dispensée de me rendre au bureau lundi pour cause de remise en marche progressive des métros, je commence à la trouver plutôt accommodante Irène finalement!

samedi 27 août 2011

Meet Irene: ou comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer l’ouragan

Pour des  nouvelles encore plus fraîches, c'est par ici!

Chers tous,

Si vous étiez coincés sur une île déserte pour deux à trois jours, qu’est-ce que vous emporteriez avec vous ?

Si je vous rappelle que Manhattan est considéré comme une island, vous devinez que je fais allusion à l’ouragan Irène qui va notamment s’abattre sur les cinq « boroughs » qui constituent New York City de samedi soir à dimanche soir, heure locale, et à ma condition de Robinson d’appartement pour tout le weekend. C’est rare sur ce blog mais, puisque je suis temporairement condamnée à l’immobilité presque complète,  je vais tenter de couvrir "en live" cet événement historique… La ville n’a pas vu un ouragan de cette ampleur depuis le siècle dernier  (parce que si je vous dis les années 80, tout de suite c’est moi percutant) !

Voir les photos sur la page Facebook de ce blog!

Irène fait bien sûr l’actualité depuis quelques jours, mais entre la conclusion de l’affaire DSK, le mariage de Kim Kardashian avec un joueur de la NBA, et le tremblement de terre qui a légèrement secoué New York, les esprits était bien occupés cette semaine. C’est sans doute pourquoi quand, vendredi matin, un des hobos (attention, à ne pas confondre avec bobos) de mon quartier annonce à qui veut bien l’entendre que la fin du monde est pour dans deux jours, cela me fait surtout penser aux premières pages de l’aventure de Tintin L’Etoile mystérieuse !

Toute la journée mes collègues ne parlent plus que d’Irène. Malgré un temps absolument magnifique, je commence à me sentir concernée. Les Américains ont l’habitude d’affronter des conditions climatiques extrêmes et, moi-même, avec mes divers séjours aux quatre coins des US, ainsi que trois années à New York, j’ai connu mon lot de tempêtes en tout genre, mais un ouragan, jamais ! Mayor Bloomberg joue la carte du « better be safe than sorry ». Personnellement, j’approuve. Et je trouverais ça beaucoup plus logique de nous donner la journée pour que l’on puisse se préparer à la visite d’Irène ! On pourrait travailler le dimanche de la maison, puisqu’on sera coincés de toute façon. Enfin cela fait longtemps que j’ai perdu espoir de convertir mes collègues au bon sens français. Quoiqu’il y en a un qui a tout compris… il passe sa journée de vendredi à la plage ! (Et puis tout le weekend au travail pour superviser les éventuels dégâts).

J’étends ma pause-déjeuner ensoleillée au maximum ce jour-là, mais j’ai hâte de pouvoir partir. I have stuff to do ! Je m’éclipse après l’annonce de la nouvelle que nous serons officiellement fermés au public à cause des conditions météorologiques, et après avoir modestement contribué à vider les frigos de notre cafétéria. Malheureusement, les cookies et brownies ne sont pas considérés comme des denrées qui se périment vite !  

Vendredi soir—nous sommes maintenant bientôt à H-24—je prends le métro pour rentrer chez moi et les haut-parleurs confirment ce que je sais déjà : les services de transports en commun ne seront plus assurés à partir de samedi midi. Il est bon de rappeler que les métros et bus de la ville passent de jour comme de nuit, sans interruption, et que les grèves sont ici quasiment inexistantes... 

Je dois faire un bref arrêt dans Hell’s Kitchen, un quartier plus animé que son nom l’indique, et chaque personne que je croise est chargée de sacs de courses et de packs de bières ! Je m’agite car il faut que je rejoigne mon quartier et que, moi aussi, je passe au supermarché. Je compte acheter le minimum pour être confortable (et pour pouvoir faire un gâteau, ça m’occupera !), puisqu’il est possible que l’électricité soit coupée ce weekend. En bonne Française, je n’aime pas jeter de la nourriture à la poubelle, et en toujours en bonne Française, mes placards sont déjà plein d’aliments de longue conservation qu’il est conseillé d’acheter. Les Américains sont très friands de lait, mais ici on ne trouve pas de briques en dehors du rayon frais, peut-être qu’Irène fera changer les mœurs dans ce domaine!

Ce soir-là, je suis censée voir des amis, mais nous devons annuler quand ils réalisent peu à peu que la situation sera plus inconvéniente que prévue. Ils habitent le Lower East Side, dans une des zones d’évacuation nouvellement définies par les autorités! Une fois chez moi, je vérifie immédiatement si je suis concernée, et à quel degré. Sur la carte publiée vendredi, on peut voir que certains endroits de la ville correspondent maintenant à des zones d’évacuation A, B, C… c’est-à-dire des zones menacées par l’ouragan, et par les inondations conséquentes, de façon plus ou moins inquiétante. Dans les low-lying neighborhoods (nouvelle expression que j’apprends au passage, et qui signifie quartiers situés bord de l’eau et proche ou en dessous du niveau de la mer), l’évacuation est obligatoire, et les pompiers sont envoyés frapper aux portes !

Mon appartement se situe à une avenue au-delà de la zone C, les vagues ne nous atteindront pas ! Non seulement je suis dans l’un des quartiers les plus vivants et les plus agréables à vivre de Manhattan, le East Village, mais je suis aussi assez éloignée des deux rivières pour ne pas avoir à quitter les lieux… le weekend ne devrait pas être si terrible ! Par curiosité, je regarde dans quelles zones se situent mes anciens appartements, pratiquement tous en zone C.

Il est temps pour moi d’aller au supermarché. En route je souris en constatant que les bars et restaurants sont bondés… c’est l’effervescence avant l’isolation forcée ! Les lampes de poche ont beau être en rupture de stock un peu partout, les étagères du Whole Foods (en temps normal, je suis une inconditionnelle de Trader Joes, je tiens à le préciser!) situé à deux pas de chez moi sont toujours pas mal fournies, à mon grand soulagement. C’est parler trop vite ! Une bonne centaine de personnes font la queue en serpent interminable, bien sagement, pour régler le contenu de leurs cadis remplis à ras bord. Il est hors de question que je me joigne à cette folie douce : armée de mes maigres provisions, je ruse et monte un étage pour rejoindre la caisse du rayon produits de beauté. C’est le désert, mais on ne peut pas y peser mes fruits et légumes, donc j’abandonne une partie de mon cargo et rentre chez moi vite fait bien fait.

Les New Yorkais sont « cool and collected », comme on dit ici. Surtout depuis le 11 Septembre, je dirais qu’on voit rarement des mouvements de panique irrationnels. Les habitants de la ville savent reconnaître le pire du moins pire, mais il y a quand même une certaine agitation collective qui se développe à cause d’Irène. C’est pourquoi je suis bien contente de pouvoir me décharger d’un peu de mon stress à la salle de sport. Le tapis de course est une machine assez pitoyable (cochons d’Inde, anyone ?), mais je n’ai jamais mal aux genoux quand je cours dessus, et la télé individuelle, combinée à la vue sur la piscine intérieure, fait passer le temps. D’ailleurs, pour la première fois depuis que je me suis inscrite dans ce club, je regarde la chaîne info !

Samedi matin, jour J,  je me lève à une heure raisonnable, 10h30, sachant que la ville retiendra son souffle officiellement à 12h avec les derniers métros. Mon premier réflexe est de jeter un coup d’œil par la fenêtre de mon salon qui donne sur l’une des avenues les plus passantes du East Village. Mon Lavomatic est fermé, damn it ! J’en appelle un autre qui se trouve un peu plus loin (et que je ne peux donc pas voir depuis ma fenêtre !) Le téléphone ne sonne pas dans le vide, mais la voix à l’autre bout du fil m’informe : « Je ferme maintenant ! » Mon deuxième réflexe est de jeter un coup d'œil au site du New York Times. L’inscription en ligne est devenue payante au-delà de vingt articles consultés par mois, cependant la couverture de l’ouragan est exceptionnellement en libre accès. A ce moment-là, la Caroline du Nord est touchée et New York continue à se préparer.

Je commence à être saisie par l’angoisse propre à celui ou celle qui est devenu(e) un(e) vrai(e) New Yorkais(e) : elle est liée au manque créé par l’habitude d’avoir toujours tout à disposition à tout heure du jour et de la nuit. La ville qui ne dort jamais vient d’être plongée dans un coma artificiel, et nous sommes tous à son chevet, légèrement désœuvrés. Après le petit-déjeuner, malgré mon côté hyper-prudente, je réalise qu’une marge de dix heure avant le début annoncé des hostilités doit être amplement suffisante pour que j’ose aller prendre l’air ! 

Le ciel est d’un gris plombé, et il fait une chaleur étouffante, ce n’est sans doute pas un hasard puisqu’Irène est une tempête tropicale. La présence d’autres gens de mon quartier dans la rue fait plaisir à voir. Il y a aussi des joggers que rien n’arrête et beaucoup de touristes hagards (forcément, quand on dort à l’hôtel, on n’a pas envie d’être cloîtré toute la journée !) Je réalise que c’est mon unique chance de me dégourdir les jambes ce weekend et me lance dans une bonne balade: East Village- Union Square- Flat Iron- West Village -Greenwich Village, back home !

C’est très intéressant de noter quels magasins sont fermés ou ouverts ce matin. Pas mal de restaurants sont prêts à vous accueillir, mais je ris tout bas en songeant à demain : pour la première fois de leur vie certains New Yorkais devront sans doute se faire à manger eux-mêmes, pas de eat out, take away, ou order in à disposition ! Mon exploration me laisse penser que les grosses chaînes ont misé sur la sécurité : elles annoncent la fermeture de leurs portes pour toute la journée de samedi et de dimanche. Lundi reste toujours à voir, puisqu’il est probable que les transports en commun ne soient pas fonctionnels d’ici-là (la meilleure des nouvelles officielles jusqu’à présent !) Par exemple, les petits cafés vous servent normalement, mais je suis passée devant un Starbucks fermé !!! En parlant de vert, la première boutique américaine Ladurée devait ouvrir aujourd’hui dans le Upper East Side, je me demande si la macarons-mania a été assez forte… Sinon, pour ceux qui préfèrent les biscotti, il y a une demi-heure de queue annoncée dans le Bon Marché italien de New York, j’ai nommé Eataly.

Ma théorie du « plus c’est grand, plus c’est probable que ce soit fermé » s’écroule quand je passe devant Forever 21 et son entrée béante. On est bien au pays du capitalisme à outrance. Business is business ! Je me demande quels employeurs ont délibérément ignoré le principe de précaution, sachant que je doute que les vendeurs de Forvever 21 habitent dans le même building à l’étage du dessus !

Les sans-abris quant à eux n’ont pas déserté les trottoirs. Où vont-ils se mettre au sec ? Des refuges ont été ouverts pour les New Yorkais vivants dans les zones à évacuer, mais je ne suis pas sure qu’ils accueillent le public habituel de la Salvation Army. Ou alors ce serait le mélange des genres ultime, les riches banquiers de Tribeca obligés de cohabiter avec les mendiants du lower Manhattan…

Lorsqu’il se remet à pleuvoir, je décide de rentrer home sweet home. Bilan de ma matinée de consommatrice compulsive : un café glace et des carottes et du céleri du marché de produits frais de Union Square (pas du céleri en branche comme il est plus courant aux US, mais une vraie racine de céleri qui ne se périmera pas avant un mois ou deux, voir plus, enfin espérons que l’hibernation forcée dure moins longtemps quand même !).

La journée de samedi a été marquée par quelques averses, mais au final c’est plutôt anticlimactic  (en VO, oh le jeu de mots !) Par contre, pendant ma promenade, j’ai croisé plein d’araignées géantes : certaines vitrines et fenêtres sont recouvertes de bandes adhésives qui forment des motifs Spidermaniens. Ma plus grande crainte à ce stade est que l’électricité soit coupée : tout ce qu’il me restera alors ce sera la lumière du jour, des glaçons, mon téléphone portable et ma radio à pile. 

Écrire cet article m’occupe bien, mais comme tous les gens qui ont des horaires de bureau, le weekend j’apprécie ma liberté de mouvement ! A la nuit tombée, la pluie commence à tomber non-stop et j’ai déjà envie de passer à autre chose, sachant que ma seule compagnie pour le weekend est mon coloc avec qui je ne suis jamais d’accord sur rien (un jour je vous raconterai ça peut-être !). Tu te ramènes Irène oui ou quoi! Là c’est quand tu veux ! 

Rétrospective "Meet Irene":
Singin' in the Rain (Stanley Donen and Gene Kelly, 1952)
Dr. Strangelove or: How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb (Stanley Kubrick, 1964)
The Ice Storm (Ang Lee, 1997)
 Me, Myself & Irene (Bobby Farrelly and Peter Farrelly, 2000)
The Perfect Storm (Wolfgang Petersen, 2000)

mardi 2 août 2011

Le Lièvre et la Tortue

Chers tous,

L’autre jour j’ai découvert par hasard que le nom de la marque de sport ASICS était en fait un raccourci de l’expression latine « Anima Sana In Corpore Sano » (« Un esprit sain dans un corps sain »). Bluffant, non !

Les Américains adorent les sigles (acronyms en VO), mais attention, ils ne les utilisent pas seulement pour désigner des institutions et des personnalités, comme nous le faisons majoritairement en Français. (Ex : DSK démissionne du FMI). Friands des abréviations en général (on est au pays des Jack, Joe, John et Jess après tout !), ils ont fait passer dans le langage courant des sigles qui peuvent sembler incompréhensibles pour les non initiés.

Depuis que je vis et travaille à NYC (fastoche celui-là !), j’ai dû non seulement apprendre à décoder ces sigles, mais aussi parfois à assimiler leur signification dans le contexte local. En effet, certaines expressions raccourcies n’ont souvent aucun équivalent direct en France. A la difficulté linguistique s’ajoute donc le choc des cultures, c’est pourquoi j’ai jugé nécessaire de consacrer une place spéciale aux acronyms américains sur ce blog ! J’ai dû déjà en évoquer certains, en passant, dans mes précédents articles, mais aujourd’hui je vous propose un mini dictionnaire illustré, pour que nous n’ayons plus à nous exclamer, perplexes : « WTF !!! » (celui-là je ne le traduis pas !). J’espère que cela couvrira toutes vos FAQ ! (Pour les explications détaillées, voir le bas de l’article).

Mandy*, AKA ma meilleure amie new yorkaise, est à première vue une JAP typique… mais il ne faut pas se fier aux apparences ! Le travail de Mandy la fait énormément voyager, du coup parfois quand j’essaye de la contacter, elle est MIA pour quelques jours, mais on essaye quand même de se voir ASAP. Mandy n’est pas du genre à se prendre pour l’un des personnages de SATC. Sa définition d’une bonne soirée ce serait plutôt un restaurant thaï BYOB, avec sa BFF, et des incontrôlables LOL. J’aime aussi faire la cuisine pour Mandy parce que, dans ce domaine là, je suis une pro du DIY. Et quand TGIF, on peut enchaîner avec un bar du LES, sans oublier de passer à un ATM avant. En plus, comme on habite toutes les deux downtown Manhattan, on rentre à pieds ou en subway, donc pas de risques de se faire arrêter pour DUI. BTW, à la différence de Paris, le métro new yorkais est en service toute la nuit. Cependant, même après des soirées arrosées, les PDA n’y sont pas vraiment tolérés. Les Américains sont connus pour être bien plus PC que nous. Il y a en a même certains qui raisonnent exclusivement selon le principe du WWJD ! Mandy et moi nous racontons nos histoires de mecs, sans dépasser la limite du TMI ! Cela n’empêche pas que je m’exclame parfois « OMG ! » parce que certaines de ses conquêtes maîtrisent vraiment l’art du BS! Le lundi je retourne au bureau et il m’arrive souvent de recevoir un email qui ressemble à ça : « FYI en ce qui concerne notre prochain événement, les détails sont TBA et les participants TBD »… Ah les USA !

*Par souci d’anonymat, les prénoms ont été changés : ) 

FAQ: Frequently Asked Questions = Questions fréquemment posées
AKA: Also Known As = Aussi connu(e) sous le nom de…, qui répond aussi à l’appellation de…
JAP: Jewish American Princess = L’équivalent du Chalala parisien.
MIA: Missing in Action = A l’origine un terme militaire uniquement employé pour évoquer les hommes de l’armée américaine perdus au combat, mais il peut s’utiliser dans la vie de tous les jours quand on n’arrive pas à joindre quelqu’un.
ASAP: As Soon As Possible = Dès que possible.
SATC: Sex and the City, la série new yorkaise par excellence.
BYOB: Bring Your Own Bottle = Restaurant où l’on peut amener sa propre consommation d’alcool, la serveuse ouvre même la bouteille pour vous !
BFF: Best Friend Forever = Meilleur(e) ami(e), avec l’exubérance américaine en plus !
LOL: Lots of Laughs.
DIY: Do It Yourself = Expression utilisée non pas pour donner un ordre mais pour évoquer les domaines du bricolage, de la cuisine, de la décoration etc.
TGIF: Thank God, It’s Friday = Comme beaucoup d’expressions du langage courant américain, celle-ci fait référence à Dieu… pour célébrer le début du weekend ! Il s’agit aussi du nom d’une chaîne de restaurants.
LES: Lower East Side = Quartier de Manhattan très prisé pour ses bars et ses boîtes de nuit.
ATM: Automated Teller Machine, ou pour certains, Acces To Money = Un distributeur d’argent rattaché à une banque ou, en version portable, dans un deli par exemple.
DUI: Driving Under the Influence = Conduite en état d’ivresse, vivement déconseillé !
BTW: By The Way = Au fait.
PDA: Public Display of Affection = Il n’y a pas vraiment d’équivalent dans la langue française car forcement, au pays des amoureux, ce n’est pas pointé du doigt de s’embrasser dans la rue ou dans le métro !
PC: Politically Correct = Encore un concept bien américain !
WWJD: What Would Jesus Do? = Certains vivent leur vie en se posant régulièrement la question, « Qu’est-ce que Jésus ferait à ma place ? ». D’après Wikipedia, le précepte est devenu populaire chez les chrétiens évangéliques dans les années 1990.
TMI: Too Much Information = L’esprit puritain des Américains a également donné naissance à cette expression qui pourrait se traduire en Français par « Epargne-moi les détails ! ».
OMG: Oh My God.
BS: Bullshit = Conneries, mensonges.
FYI: For Your Information = Pour info.
TBA: To Be Announced = Sera annoncé ultérieurement.
TBD: To Be Determined = Sera déterminé ultérieurement.

Retrospective "Le Lièvre et la Tortue":
E.T.: The Extra-Terrestrial (Steven Spielberg, 1982)
Speed (Jan de Bont, 1994)
Se7en (David Fincher, 1995)
The King's Speech (Tom Hooper, 2010)

vendredi 24 juin 2011

Starbucks and me

Chers tous,

L’autre jour j’ai commis une infidélité (mineure). Au lieu d’aller prendre mon café post-lunch au Starbucks en face de mon lieu de travail, j’ai voulu essayer un nouvel endroit plus éloigné, mais chaudement recommandé par ma bible, New York Magazine. Un café "à la Brooklyn", ouvert récemment par un couple de passionnés. D’habitude, je vais à ce Starbucks tous les jours où je travaille. Soit, si on fait le calcul (on enlève les weekends, congés, et jours fériés), plus de 200 fois par an ! Et bien, j’ai été déçue. Cela m’apprendra à faire un écart ! En effet, dans ce nouveau café, ils n’avaient pas de lait écrème, ni même de lait "normal" (en France appelé demi-écrémé, ici appelé 2%). Or pour moi le lait entier appartient à la même famille que la crème fraîche, le beurre, et les yaourts recette fermière, aliments qui me font horreur, sauf s’ils sont mélangés à plein d’autres ingrédients, et encore. Voilà pourquoi quand on me demande d’où je viens, je suis bien obligée de faire la distinction, « non je ne suis pas une vraie Bretonne… j’ai grandi en Bretagne ». Revenons-en à nos sirènes vertes ! Starbucks et moi c’est une « love/hate relationship »…

Notre première rencontre a eu lieu il y une dizaine d’année, à Seattle s’il vous plaît (ville où la chaîne est née, le café original est d’ailleurs toujours ouvert à Pike Place Market). Et aujourd’hui je vais chez Starbucks tous les jours de la semaine, mais JAMAIS le weekend, (sauf si je suis en quête de toilettes publics). Alors pourquoi est-ce que suis cette règle très particulière : semaine on/weekend off ?

La semaine, j’économise de l’argent en dégustant, la plupart du temps devant mon écran d’ordinateur (comme tous mes collègues, soupir), de délicieux déjeuners faits maison par mes soins. Ensuite je m’accorde un plaisir quotidien : je prends une pause air frais /coup de téléphone à mon Américain et je vais dépenser 2.50 dollars (seulement, 1.70 euros !!!) au Starbucks local où je commande un immuable « tall non-fat misto ». J’ai pris cette habitude parce que je sais que l’on prépare ma boisson à l’identique tous les jours. En conséquence, je n'ai jamais de mauvaises surprises, and I get a bang for my buck ! Ma commande est immanquablement à mon goût : 33 cl de réconfort caféiné, avec du lait écrémé donc, et bien chaud (je sais que je ne peux y tremper mes lèvres que 5-10 minutes après commande). Je ne prends pas de risques avec mon café parce que ce n’est pas qu’un café, justement ! C’est le boost in-dis-pen-sable de mon début d’après-midi, et la bouillote qui va réchauffer mon corps grelottant à cause de l’open-space climatisé à la limite de la torture (selon mon humble opinion). La semaine au bureau, j’ai besoin de structure, de repères, alors je biberonne mon misto pendant une petite heure, telle une enfant rassurée. Béate. D’ailleurs ce n’est sans doute pas un hasard si le logo de Starbucks, avant d’être réactualisé/censuré, était une sirène aux seins nus… il y a une côté allaitement régressif que les Américains ont adopté en masse avec leur café! La semaine, mon rituel ne passe pas inaperçu, quand je croise un de mes collègues dans les couloirs, il s’exclame systématiquement « Ah coffee time ! », et commente parfois sur ma ponctualité, « You’re kind of late today ». Car c’est ainsi, été comme hiver, vers 14-15h, les baristas de Starbucks m’accueillent comme une veille copine (et j’en ai vu du turnover parmi le staff !) Les anciens préparent automatiquement ma commande dès qu’ils me voient traverser la rue d’en face, et les nouveaux prennent vite le pli ! (J’exagère à peine : lorsqu'une fois je suis restée au téléphone et ai disparu de leur champ de vision, ils ont jeté mon misto avant de se rendre compte de leur erreur lorsque j’ai franchi la porte d’entrée du Starbucks pour de bon!) Je dois presque les mettre au courant si je pars en vacances en France, je ne voudrais pas qu’ils s’inquiètent ! Et by the way, à Paris aussi je consomme chez Starbucks.

C’est un comportement d’addict me direz-vous. Oui et non, car une fois la semaine au bureau terminée, je prends Starbucks en grippe et je n’y mettrais jamais au grand jamais les pieds ! En effet, le weekend sert à se déconnecter de la routine métro-boulot-dodo, à prendre du temps pour soi (un concept que les Américains ont du mal à intégrer parfois !). Pour moi cela signifie souvent explorer des recoins de New York que je connais moins bien, ou justement arpenter mes quartiers favoris. Le weekend mon emploi du temps n’est jamais réglé comme du papier à musique… je prends mon café où et quand ça me chante ! J’expérimente avec plaisir, quitte à être déçue. Mes cafés du weekend ne sont pas toujours aussi "parfaits" que mon tall non-fat misto quotidien, mais ils sont toujours surprenants : Café glacé ! Café aromatisé ! Café au lait bio ! Mocha ! Sélection commerce équitable ! Prix extravagant !

En fait, j’adore aller chez Starbucks la semaine et je déteste y aller le weekend pour les mêmes raisons qui font que l’enseigne verte divise les esprits. D’un côté, Starbucks se veut un lieu accueillant, familier, avec un décor cosy qui rappelle un petit café de quartier, et un staff qui se souvient de votre boisson préférée. De l’autre côté, Starbucks reste une chaîne qui peut s'assimiler facilement à du fast-food : certaines branches offrent de vous servir votre café en drive-in et, en dehors des grandes villes américaines (et européennes), Starbucks se trouve essentiellement sur les parkings des mini outdoor-malls de banlieue (pour vous donner une idée, c’est comme si vous alliez chez Starbucks entre une visite chez Darty et Buffalo Grill). 

Le paradoxe peut s’énoncer ainsi : Starbucks se vante d’être une chaîne à la fois omniprésente (à New York vous ne risquez pas de marcher plus de 10 minutes sans en trouver un), et "de qualité" (processus de sélection du café soi-disant artisanal, boisson customisée selon vos moindres désirs, le client n’est pas traité comme du bétail… on vous demande même votre petit nom !). Certains critiquent véhément la chaîne implantée absolument partout aux US, mais ils sont aussi probablement les premiers à se précipiter chez Starbucks à l’étranger, sinon impossible de trouver des lattes à leur goût ! La "comme à la maison" touch reste un atout majeur pour la chaîne. Combien de clients utilisent Starbucks comme une extension de leur salon, de leur nursery, ou de leur bureau ? On y vient pour se sentir entouré, pour se laisser bercer par la musique pointue mais néanmoins grand public, pour lire le New York Times à disposition, pour prendre le goûter des enfants sans complexes, ou, comme mon Américain, pour y travailler sur son ordinateur portable. Voilà aussi pourquoi Starbucks aura toujours une place à part à mes yeux... c’est là que nous nous sommes rencontrés !

D’autres bons souvenirs :

-Une de mes premières commandes dans un Starbucks de Seattle à l’âge de 16 ans : une boisson café-chocolat glacée (je ne me rappelle plus exactement de quoi il s’agissait). A l’époque j’étais capable de partir passer un été toute seule comme une grande aux États-Unis, mais je ne buvais pas encore de café pur !

-A Paris, avec mes amies anglophones et anglophiles… Le premier Starbucks s’apprête à ouvrir en France et, ne voulant surtout pas rater l’évènement, nous nous dirigeons gaiement à l’adresse indiquée sur internet, vers Opéra. Tout ce que nous découvrons sur les lieux ce sont les bureaux de la compagnie... encore un peu de patience les filles !

-Avec mon Américaine à Paris, lors de nos retrouvailles chez elle au milieu du Colorado. On fait une pause chez Starbucks et c’est comme si on était de nouveau dans le 6e arrondissement !

-Au Starbucks ouvert 24h sur 24h en période de révisions (!) sur le campus de l’université américaine où je passe mon année à l’étranger. Avant que nous soyons engouffrées dans le rush du premier semestre, Alex me prend en photo avec une tasse de leur collection à la main (je collectionnais leurs mugs jusqu'à ce que mes déménagements répétés me forcent à les laisser chez mes parents).

-A Seattle, lors des premières vacances de Noël que je passe loin de la France. Ma "famille" américaine m’accueille complètement lessivée après une période brutale d’examens et de papers à rendre sans faute. Un latte réchauffant à la main, je suis assise à l’arrière de leur voiture géante, nous sommes en route vers la maison des grands-parents sous la neige. Le holiday spirit m’envahit… d’un coup !

-A Paris, avec toutes celles avec qui j’y ai dépensé de nombreux tickets restaurant, et passé de longues heures à parler de tout et de rien… Elles se reconnaitront : )

-A Paris, avant d’aller en cours, je me sens particulièrement cool avec mon café Starbucks à emporter à la main, mais n’ose pas l’amener dans la petite salle de classe !

-A Lyon, une de mes villes d’adoption qui a enfin ouvert un Starbucks !

- A New York avec mon Américain, le plus souvent possible. Parfois je fais exception et vais chez Starbucks même si c’est le weekend. Pour lui faire plaisir.

Rétrospective "Starbucks and me": 
In Good Company (Paul Weitz, 2004)
Waitress (Adrienne Shelly, 2007) 
Milk (Gus Van Sant, 2008)

jeudi 9 juin 2011

Une New Yorkaise à Paris


 Chers tous,

Je rentre tout juste d’un séjour en France ! C’est toujours aussi merveilleux de revoir ma famille et mes amis qui se mettent en quatre pour m’accueillir comme une star et me caser dans leurs emplois du temps souvent chargés. Je vous retrouve avec bonheur comme si 8 jours, et non 8 mois, s’étaient écoulés depuis la dernière fois! Comme on dit en Anglais « it grounds me », littéralement, ça me ramène à la terre ferme, à mes racines européennes! That said… I have a confession to make ! Voilà, je suis devenue une vraie New Yorkaise à Paris ! Je viens de souffler mes trois bougies dans la Grosse Pomme et je crois que j’ai chopé la Manhattanite aigüe, il y a des symptômes qui ne trompent pas :

- Lorsque j’arrive à JFK, j’ai à peine le temps de dire « Hi, where is… » qu’une jeune femme en uniforme bleu un peu trop zélée me coupe la parole et m’assène un  « Je parle Français ». OK bah moi aussi j’ai envie de dire, Français et Anglais, couramment ! Depuis quand le comptoir Air France de New York est-il devenu une zone exclusivement francophone ? On n’est pas au Québec non plus !

- Premier arrêt, la Bretagne. Je suis complètement choquée par deux choses incroyables et malheureusement impossibles à ramener avec moi à New York : le silence profondément relaxant du bord de mer, et les couchers de soleil après 22h.

- Pourquoi les feuilles de Sopalin dans la cuisine de mes parents sont-elles toutes petites ? Pourquoi les feuilles de papier dans l’imprimante sont-elles toutes grandes ?

- Je bois du vin à chaque dîner, et ça me fait vraiment bizarre !

- Les voix off des pubs à la télé sonnent complètement ridicules à mes oreilles, de toute façon, je n’ai pas le temps de m’attarder devant le poste…

- … Parce que je dois aller courir…  Ensuite je file à la douche et, oh stupeur, le pommeau n’est pas attaché au mur, futuriste !

- Je fais le tour des petits magasins du coin. A mon grand étonnement, les vendeuses ne s’exclament pas « Hiiiiiiiiiii. How are you doing today ? », mais comme il n’y a pas de musique super forte en bruit de fond, je ne peux pas me tourner vers ma mère pour lui glisser, « t’as vu, elles sont pas très aimables», ou encore « ça c’est trop moche ! ». Il règne un silence gênant dans les boutiques, alors je n’achète rien.

- Et c’est peut-être mieux ainsi car j’ai perdu la notion de l’argent. Je continue à raisonner en dollars et ne comprends pas pourquoi le verre de vin est moins cher que le verre de coca-cola.

- Deuxième arrêt, Paris. J’ai un rendez-vous juste après mon arrivée, donc je n’ai pas le loisir de rester sur le quai du métro à contempler les affiches du Bon Marché ou du Printemps qui me plaisent tant, (ça change du spectacle des rats de New York). Dommage car une fois dans la rame, horreur ! Chaleur suffocante et espace vital compromis. Largement de quoi déclencher les messages qu’on entend parfois dans le Subway expliquant que de telles conditions de transport ne devraient pas être une excuse pour tolérer des comportements assimilables à du sexual harassment. Hum… J’essaye de me concentrer sur la vue imbattable depuis les lignes aériennes mais je suis distraite par des PDA intempestifs (Public Displays of Affection, en V.O). Ah oui, j’avais presque oublié, même à l’heure de pointe, Paris c’est si romantique !

- Dans la rue les filles sont belles, minces et stylées ! Ça doit être vrai ce que raconte ce livre French Women Don’t Get Fat : ) Mais pourquoi je ne fais pas du XS ici comme aux US ?

- J’ai un temps d’arrêt quand j’entends des gens parler Français en bruit de fond, mais je suis comme un poisson dans l’eau dans le Marais envahi de touristes Américains.

-Tous les jours, le même problème se pose, je ne sais pas où me procurer un café comme je l’aime, à la Jack, à la Joe, à la Mud. Je Think Coffee très fort, mais rien ni fait, il n’y a que des espressos à perte de vue. Parfois je tente le grand café crème, avec du lait écrémé c’est possible ?? Finalement je traverse tout Paris pour trouver le café local "version Brooklyn" d’après ELLE et le New York Times (j’ai nommé Merce and the Muse), hélas, quand j’arrive à destination, ils n’ont plus de "hand drip coffee", damned ! Il ne me reste plus que le bon vieux Starbucks…

- Si j’arrive à localiser ce café c’est uniquement parce que je me ballade avec un plan de Paris géant qui se replie trop mal et qui, bien sûr, me fait passer pour une grosse touriste dans la ville qui m’a vue naître. Moi je maintiens que, si je vivais toujours dans la capitale en forme d’escargot, et bien j’aurais en permanence une carte dans mon sac ! (à défaut d’un iPhone !)

- La première boutique Abercrombie and Fitch ouvre sur les Champs-Élysées ! Il y a dix ans, l’annonce d’une telle nouvelle aurait fait de l’effet à mon petit cœur d’adolescente fan de Dawson’s Creek ! Aujourd’hui je ne supporte plus cette marque et ce qu’elle représente. A&F est devenue une destination incontournable pour certains touristes français qui semblent apprécier de faire la queue sur la 5e Avenue, de se faire aveugler par les pectoraux reluisants des mannequins plantés à l’entrée, et de se faire intoxiqués par le parfum que le vent diffuse dans un rayon de trois blocs alentours, tout ça pour pouvoir se ruiner en fringues à peine plus solides que chez Gap. Comme toute New Yorkaise qui se respecte, je n’y mets jamais les pieds !

- Pendant tout mon voyage, ma montre est restée à l’heure de la côte Est américaine.

- Et comment je suis repartie pour l’aéroport ? En Super Shuttle bien sûr ! 

However, je tiens à vous rassurer, par de nombreux aspects je reste Française, une vraie de vraie! Il y a des symptômes qui ne trompent pas :

- Dans l’avion pour Paris, je suis censée dormir mais je ne résiste pas à la sélection cinéma proposée, notamment les films français pas encore ou jamais sortis aux US. Pourtant, avant, quand on me conseillait un film autre qu’Américain en V.O, ma première réaction était « nannnn j’veux pas » ! Mais je suis devenue une cinéphile un peu plus open-minded depuis que je vis loin de mon pays d’origine et que j’ai rencontré un Américain si bon public devant un Godard, Rohmer ou Desplechin. D’ailleurs, en sirotant ma coupe de champagne gracieusement offerte, je me dis que c’est vraiment dommage qu’il ne soit pas à mes côtés, car ils offrent Le Père Noël est une ordure avec des sous-titres anglais, une configuration impossible à trouver sur le continent américain !

- Je suis arrivée en France avec en tête une liste de passages obligés culinaires bien de chez nous. Je voulais absolument manger de la rhubarbe (j’ai essayé d’en trouver dans plusieurs supermarchés et épiceries à New York mais ils ne voyaient pas vraiment de quoi je parlais… « Du céleri, mais rouge, non ça ne vous dit rien ? ») Également sur ma liste: des poissons et fruits de mer de Bretagne, de la baguette, un bon pain au chocolat, de la baguette, une galette de sarrasin, de la baguette, du St Félicien, de la baguette, des macarons, de la baguette, du canard sous une forme ou une autre, de la baguette...

- Je me suis rendue compte qu’inconsciemment j’avais déjà adopté la mode de l’été à Paris avant même d’y mettre les pieds: le "Color Block".

- Je sais maintenant que ça s’appelle le "Color Block" car, avant de quitter le territoire français en avion à deux étages (!), j’avais accumulé dans mon sac quatre numéros de ELLE, trois numéros de Grazia (prévoyante, j’avais passé le mémo à mes parents), sans oublier pratiquement l’ensemble de la presse féminine mensuelle disponible à l’aéroport (Mis-à-part Pleine Vie peut-être), ainsi que Télérama, les Inrocks, Première et Studio, Festival de Cannes oblige !

- J’ai été voir Midnight in Paris et je savais très bien qui était Gad Elmaleh.

-J’ai trouvé étrange que mes amies sortent de leur sacs à main avant de passer à table du gel désinfectant, telles des soccer Moms américaines !

- J’ai acheté de la lingerie chez Princesse Tam-Tam.

- J’ai souri à la vue des cupcakes et cheesecakes et vente dans quelques bakeries récemment ouvertes dans les quartiers bobos de Paris, mais me suis rabattue sur la tarte aux framboises. Les vitrines des boulangeries françaises traditionnelles sont des œuvres d’art !

Pour conclure, après dix jours heureux, comme j’étais très triste de vous quitter, mais pas mécontente de rentrer chez moi, je dois en déduire que je suis bel et bien Française et New Yorkaise !

Rétrospective "Une New Yorkaise à Paris":
An American in Paris (Vincente Minnelli, 1951)
Paris, Je T'Aime (segment directed by Alexander Payne, 2006)
Midnight in Paris (Woody Allen, 2011)