jeudi 9 juin 2011

Une New Yorkaise à Paris


 Chers tous,

Je rentre tout juste d’un séjour en France ! C’est toujours aussi merveilleux de revoir ma famille et mes amis qui se mettent en quatre pour m’accueillir comme une star et me caser dans leurs emplois du temps souvent chargés. Je vous retrouve avec bonheur comme si 8 jours, et non 8 mois, s’étaient écoulés depuis la dernière fois! Comme on dit en Anglais « it grounds me », littéralement, ça me ramène à la terre ferme, à mes racines européennes! That said… I have a confession to make ! Voilà, je suis devenue une vraie New Yorkaise à Paris ! Je viens de souffler mes trois bougies dans la Grosse Pomme et je crois que j’ai chopé la Manhattanite aigüe, il y a des symptômes qui ne trompent pas :

- Lorsque j’arrive à JFK, j’ai à peine le temps de dire « Hi, where is… » qu’une jeune femme en uniforme bleu un peu trop zélée me coupe la parole et m’assène un  « Je parle Français ». OK bah moi aussi j’ai envie de dire, Français et Anglais, couramment ! Depuis quand le comptoir Air France de New York est-il devenu une zone exclusivement francophone ? On n’est pas au Québec non plus !

- Premier arrêt, la Bretagne. Je suis complètement choquée par deux choses incroyables et malheureusement impossibles à ramener avec moi à New York : le silence profondément relaxant du bord de mer, et les couchers de soleil après 22h.

- Pourquoi les feuilles de Sopalin dans la cuisine de mes parents sont-elles toutes petites ? Pourquoi les feuilles de papier dans l’imprimante sont-elles toutes grandes ?

- Je bois du vin à chaque dîner, et ça me fait vraiment bizarre !

- Les voix off des pubs à la télé sonnent complètement ridicules à mes oreilles, de toute façon, je n’ai pas le temps de m’attarder devant le poste…

- … Parce que je dois aller courir…  Ensuite je file à la douche et, oh stupeur, le pommeau n’est pas attaché au mur, futuriste !

- Je fais le tour des petits magasins du coin. A mon grand étonnement, les vendeuses ne s’exclament pas « Hiiiiiiiiiii. How are you doing today ? », mais comme il n’y a pas de musique super forte en bruit de fond, je ne peux pas me tourner vers ma mère pour lui glisser, « t’as vu, elles sont pas très aimables», ou encore « ça c’est trop moche ! ». Il règne un silence gênant dans les boutiques, alors je n’achète rien.

- Et c’est peut-être mieux ainsi car j’ai perdu la notion de l’argent. Je continue à raisonner en dollars et ne comprends pas pourquoi le verre de vin est moins cher que le verre de coca-cola.

- Deuxième arrêt, Paris. J’ai un rendez-vous juste après mon arrivée, donc je n’ai pas le loisir de rester sur le quai du métro à contempler les affiches du Bon Marché ou du Printemps qui me plaisent tant, (ça change du spectacle des rats de New York). Dommage car une fois dans la rame, horreur ! Chaleur suffocante et espace vital compromis. Largement de quoi déclencher les messages qu’on entend parfois dans le Subway expliquant que de telles conditions de transport ne devraient pas être une excuse pour tolérer des comportements assimilables à du sexual harassment. Hum… J’essaye de me concentrer sur la vue imbattable depuis les lignes aériennes mais je suis distraite par des PDA intempestifs (Public Displays of Affection, en V.O). Ah oui, j’avais presque oublié, même à l’heure de pointe, Paris c’est si romantique !

- Dans la rue les filles sont belles, minces et stylées ! Ça doit être vrai ce que raconte ce livre French Women Don’t Get Fat : ) Mais pourquoi je ne fais pas du XS ici comme aux US ?

- J’ai un temps d’arrêt quand j’entends des gens parler Français en bruit de fond, mais je suis comme un poisson dans l’eau dans le Marais envahi de touristes Américains.

-Tous les jours, le même problème se pose, je ne sais pas où me procurer un café comme je l’aime, à la Jack, à la Joe, à la Mud. Je Think Coffee très fort, mais rien ni fait, il n’y a que des espressos à perte de vue. Parfois je tente le grand café crème, avec du lait écrémé c’est possible ?? Finalement je traverse tout Paris pour trouver le café local "version Brooklyn" d’après ELLE et le New York Times (j’ai nommé Merce and the Muse), hélas, quand j’arrive à destination, ils n’ont plus de "hand drip coffee", damned ! Il ne me reste plus que le bon vieux Starbucks…

- Si j’arrive à localiser ce café c’est uniquement parce que je me ballade avec un plan de Paris géant qui se replie trop mal et qui, bien sûr, me fait passer pour une grosse touriste dans la ville qui m’a vue naître. Moi je maintiens que, si je vivais toujours dans la capitale en forme d’escargot, et bien j’aurais en permanence une carte dans mon sac ! (à défaut d’un iPhone !)

- La première boutique Abercrombie and Fitch ouvre sur les Champs-Élysées ! Il y a dix ans, l’annonce d’une telle nouvelle aurait fait de l’effet à mon petit cœur d’adolescente fan de Dawson’s Creek ! Aujourd’hui je ne supporte plus cette marque et ce qu’elle représente. A&F est devenue une destination incontournable pour certains touristes français qui semblent apprécier de faire la queue sur la 5e Avenue, de se faire aveugler par les pectoraux reluisants des mannequins plantés à l’entrée, et de se faire intoxiqués par le parfum que le vent diffuse dans un rayon de trois blocs alentours, tout ça pour pouvoir se ruiner en fringues à peine plus solides que chez Gap. Comme toute New Yorkaise qui se respecte, je n’y mets jamais les pieds !

- Pendant tout mon voyage, ma montre est restée à l’heure de la côte Est américaine.

- Et comment je suis repartie pour l’aéroport ? En Super Shuttle bien sûr ! 

However, je tiens à vous rassurer, par de nombreux aspects je reste Française, une vraie de vraie! Il y a des symptômes qui ne trompent pas :

- Dans l’avion pour Paris, je suis censée dormir mais je ne résiste pas à la sélection cinéma proposée, notamment les films français pas encore ou jamais sortis aux US. Pourtant, avant, quand on me conseillait un film autre qu’Américain en V.O, ma première réaction était « nannnn j’veux pas » ! Mais je suis devenue une cinéphile un peu plus open-minded depuis que je vis loin de mon pays d’origine et que j’ai rencontré un Américain si bon public devant un Godard, Rohmer ou Desplechin. D’ailleurs, en sirotant ma coupe de champagne gracieusement offerte, je me dis que c’est vraiment dommage qu’il ne soit pas à mes côtés, car ils offrent Le Père Noël est une ordure avec des sous-titres anglais, une configuration impossible à trouver sur le continent américain !

- Je suis arrivée en France avec en tête une liste de passages obligés culinaires bien de chez nous. Je voulais absolument manger de la rhubarbe (j’ai essayé d’en trouver dans plusieurs supermarchés et épiceries à New York mais ils ne voyaient pas vraiment de quoi je parlais… « Du céleri, mais rouge, non ça ne vous dit rien ? ») Également sur ma liste: des poissons et fruits de mer de Bretagne, de la baguette, un bon pain au chocolat, de la baguette, une galette de sarrasin, de la baguette, du St Félicien, de la baguette, des macarons, de la baguette, du canard sous une forme ou une autre, de la baguette...

- Je me suis rendue compte qu’inconsciemment j’avais déjà adopté la mode de l’été à Paris avant même d’y mettre les pieds: le "Color Block".

- Je sais maintenant que ça s’appelle le "Color Block" car, avant de quitter le territoire français en avion à deux étages (!), j’avais accumulé dans mon sac quatre numéros de ELLE, trois numéros de Grazia (prévoyante, j’avais passé le mémo à mes parents), sans oublier pratiquement l’ensemble de la presse féminine mensuelle disponible à l’aéroport (Mis-à-part Pleine Vie peut-être), ainsi que Télérama, les Inrocks, Première et Studio, Festival de Cannes oblige !

- J’ai été voir Midnight in Paris et je savais très bien qui était Gad Elmaleh.

-J’ai trouvé étrange que mes amies sortent de leur sacs à main avant de passer à table du gel désinfectant, telles des soccer Moms américaines !

- J’ai acheté de la lingerie chez Princesse Tam-Tam.

- J’ai souri à la vue des cupcakes et cheesecakes et vente dans quelques bakeries récemment ouvertes dans les quartiers bobos de Paris, mais me suis rabattue sur la tarte aux framboises. Les vitrines des boulangeries françaises traditionnelles sont des œuvres d’art !

Pour conclure, après dix jours heureux, comme j’étais très triste de vous quitter, mais pas mécontente de rentrer chez moi, je dois en déduire que je suis bel et bien Française et New Yorkaise !

Rétrospective "Une New Yorkaise à Paris":
An American in Paris (Vincente Minnelli, 1951)
Paris, Je T'Aime (segment directed by Alexander Payne, 2006)
Midnight in Paris (Woody Allen, 2011)

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