vendredi 24 juin 2011

Starbucks and me

Chers tous,

L’autre jour j’ai commis une infidélité (mineure). Au lieu d’aller prendre mon café post-lunch au Starbucks en face de mon lieu de travail, j’ai voulu essayer un nouvel endroit plus éloigné, mais chaudement recommandé par ma bible, New York Magazine. Un café "à la Brooklyn", ouvert récemment par un couple de passionnés. D’habitude, je vais à ce Starbucks tous les jours où je travaille. Soit, si on fait le calcul (on enlève les weekends, congés, et jours fériés), plus de 200 fois par an ! Et bien, j’ai été déçue. Cela m’apprendra à faire un écart ! En effet, dans ce nouveau café, ils n’avaient pas de lait écrème, ni même de lait "normal" (en France appelé demi-écrémé, ici appelé 2%). Or pour moi le lait entier appartient à la même famille que la crème fraîche, le beurre, et les yaourts recette fermière, aliments qui me font horreur, sauf s’ils sont mélangés à plein d’autres ingrédients, et encore. Voilà pourquoi quand on me demande d’où je viens, je suis bien obligée de faire la distinction, « non je ne suis pas une vraie Bretonne… j’ai grandi en Bretagne ». Revenons-en à nos sirènes vertes ! Starbucks et moi c’est une « love/hate relationship »…

Notre première rencontre a eu lieu il y une dizaine d’année, à Seattle s’il vous plaît (ville où la chaîne est née, le café original est d’ailleurs toujours ouvert à Pike Place Market). Et aujourd’hui je vais chez Starbucks tous les jours de la semaine, mais JAMAIS le weekend, (sauf si je suis en quête de toilettes publics). Alors pourquoi est-ce que suis cette règle très particulière : semaine on/weekend off ?

La semaine, j’économise de l’argent en dégustant, la plupart du temps devant mon écran d’ordinateur (comme tous mes collègues, soupir), de délicieux déjeuners faits maison par mes soins. Ensuite je m’accorde un plaisir quotidien : je prends une pause air frais /coup de téléphone à mon Américain et je vais dépenser 2.50 dollars (seulement, 1.70 euros !!!) au Starbucks local où je commande un immuable « tall non-fat misto ». J’ai pris cette habitude parce que je sais que l’on prépare ma boisson à l’identique tous les jours. En conséquence, je n'ai jamais de mauvaises surprises, and I get a bang for my buck ! Ma commande est immanquablement à mon goût : 33 cl de réconfort caféiné, avec du lait écrémé donc, et bien chaud (je sais que je ne peux y tremper mes lèvres que 5-10 minutes après commande). Je ne prends pas de risques avec mon café parce que ce n’est pas qu’un café, justement ! C’est le boost in-dis-pen-sable de mon début d’après-midi, et la bouillote qui va réchauffer mon corps grelottant à cause de l’open-space climatisé à la limite de la torture (selon mon humble opinion). La semaine au bureau, j’ai besoin de structure, de repères, alors je biberonne mon misto pendant une petite heure, telle une enfant rassurée. Béate. D’ailleurs ce n’est sans doute pas un hasard si le logo de Starbucks, avant d’être réactualisé/censuré, était une sirène aux seins nus… il y a une côté allaitement régressif que les Américains ont adopté en masse avec leur café! La semaine, mon rituel ne passe pas inaperçu, quand je croise un de mes collègues dans les couloirs, il s’exclame systématiquement « Ah coffee time ! », et commente parfois sur ma ponctualité, « You’re kind of late today ». Car c’est ainsi, été comme hiver, vers 14-15h, les baristas de Starbucks m’accueillent comme une veille copine (et j’en ai vu du turnover parmi le staff !) Les anciens préparent automatiquement ma commande dès qu’ils me voient traverser la rue d’en face, et les nouveaux prennent vite le pli ! (J’exagère à peine : lorsqu'une fois je suis restée au téléphone et ai disparu de leur champ de vision, ils ont jeté mon misto avant de se rendre compte de leur erreur lorsque j’ai franchi la porte d’entrée du Starbucks pour de bon!) Je dois presque les mettre au courant si je pars en vacances en France, je ne voudrais pas qu’ils s’inquiètent ! Et by the way, à Paris aussi je consomme chez Starbucks.

C’est un comportement d’addict me direz-vous. Oui et non, car une fois la semaine au bureau terminée, je prends Starbucks en grippe et je n’y mettrais jamais au grand jamais les pieds ! En effet, le weekend sert à se déconnecter de la routine métro-boulot-dodo, à prendre du temps pour soi (un concept que les Américains ont du mal à intégrer parfois !). Pour moi cela signifie souvent explorer des recoins de New York que je connais moins bien, ou justement arpenter mes quartiers favoris. Le weekend mon emploi du temps n’est jamais réglé comme du papier à musique… je prends mon café où et quand ça me chante ! J’expérimente avec plaisir, quitte à être déçue. Mes cafés du weekend ne sont pas toujours aussi "parfaits" que mon tall non-fat misto quotidien, mais ils sont toujours surprenants : Café glacé ! Café aromatisé ! Café au lait bio ! Mocha ! Sélection commerce équitable ! Prix extravagant !

En fait, j’adore aller chez Starbucks la semaine et je déteste y aller le weekend pour les mêmes raisons qui font que l’enseigne verte divise les esprits. D’un côté, Starbucks se veut un lieu accueillant, familier, avec un décor cosy qui rappelle un petit café de quartier, et un staff qui se souvient de votre boisson préférée. De l’autre côté, Starbucks reste une chaîne qui peut s'assimiler facilement à du fast-food : certaines branches offrent de vous servir votre café en drive-in et, en dehors des grandes villes américaines (et européennes), Starbucks se trouve essentiellement sur les parkings des mini outdoor-malls de banlieue (pour vous donner une idée, c’est comme si vous alliez chez Starbucks entre une visite chez Darty et Buffalo Grill). 

Le paradoxe peut s’énoncer ainsi : Starbucks se vante d’être une chaîne à la fois omniprésente (à New York vous ne risquez pas de marcher plus de 10 minutes sans en trouver un), et "de qualité" (processus de sélection du café soi-disant artisanal, boisson customisée selon vos moindres désirs, le client n’est pas traité comme du bétail… on vous demande même votre petit nom !). Certains critiquent véhément la chaîne implantée absolument partout aux US, mais ils sont aussi probablement les premiers à se précipiter chez Starbucks à l’étranger, sinon impossible de trouver des lattes à leur goût ! La "comme à la maison" touch reste un atout majeur pour la chaîne. Combien de clients utilisent Starbucks comme une extension de leur salon, de leur nursery, ou de leur bureau ? On y vient pour se sentir entouré, pour se laisser bercer par la musique pointue mais néanmoins grand public, pour lire le New York Times à disposition, pour prendre le goûter des enfants sans complexes, ou, comme mon Américain, pour y travailler sur son ordinateur portable. Voilà aussi pourquoi Starbucks aura toujours une place à part à mes yeux... c’est là que nous nous sommes rencontrés !

D’autres bons souvenirs :

-Une de mes premières commandes dans un Starbucks de Seattle à l’âge de 16 ans : une boisson café-chocolat glacée (je ne me rappelle plus exactement de quoi il s’agissait). A l’époque j’étais capable de partir passer un été toute seule comme une grande aux États-Unis, mais je ne buvais pas encore de café pur !

-A Paris, avec mes amies anglophones et anglophiles… Le premier Starbucks s’apprête à ouvrir en France et, ne voulant surtout pas rater l’évènement, nous nous dirigeons gaiement à l’adresse indiquée sur internet, vers Opéra. Tout ce que nous découvrons sur les lieux ce sont les bureaux de la compagnie... encore un peu de patience les filles !

-Avec mon Américaine à Paris, lors de nos retrouvailles chez elle au milieu du Colorado. On fait une pause chez Starbucks et c’est comme si on était de nouveau dans le 6e arrondissement !

-Au Starbucks ouvert 24h sur 24h en période de révisions (!) sur le campus de l’université américaine où je passe mon année à l’étranger. Avant que nous soyons engouffrées dans le rush du premier semestre, Alex me prend en photo avec une tasse de leur collection à la main (je collectionnais leurs mugs jusqu'à ce que mes déménagements répétés me forcent à les laisser chez mes parents).

-A Seattle, lors des premières vacances de Noël que je passe loin de la France. Ma "famille" américaine m’accueille complètement lessivée après une période brutale d’examens et de papers à rendre sans faute. Un latte réchauffant à la main, je suis assise à l’arrière de leur voiture géante, nous sommes en route vers la maison des grands-parents sous la neige. Le holiday spirit m’envahit… d’un coup !

-A Paris, avec toutes celles avec qui j’y ai dépensé de nombreux tickets restaurant, et passé de longues heures à parler de tout et de rien… Elles se reconnaitront : )

-A Paris, avant d’aller en cours, je me sens particulièrement cool avec mon café Starbucks à emporter à la main, mais n’ose pas l’amener dans la petite salle de classe !

-A Lyon, une de mes villes d’adoption qui a enfin ouvert un Starbucks !

- A New York avec mon Américain, le plus souvent possible. Parfois je fais exception et vais chez Starbucks même si c’est le weekend. Pour lui faire plaisir.

Rétrospective "Starbucks and me": 
In Good Company (Paul Weitz, 2004)
Waitress (Adrienne Shelly, 2007) 
Milk (Gus Van Sant, 2008)

3 commentaires:

  1. A Starbucks, si tu viens avec ta cup, ton cafe ne te coute que $0.50ct+tax tu economiserais ainsi $2 / jour ou $400/an + interets + tax! Tout ca pour le meme cafe.
    Point de vu hygienne, pas de probleme: ils remplacent ta cup si tu le desires!
    Sam

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