samedi 12 mars 2011

Recherche New Yorkaise désespérément: Chapitre 1


Chers tous,

Comme toute New Yorkaise qui se respecte, j'ai plusieurs divorces derrière moi. Attention je ne parle pas de ma vie sentimentale, je parle de ma vie en colocation. Depuis mon arrivée à New York, ayant toujours été pourvue d'un budget limité (je travaille dans une NON-profit association), et dépourvue d'une line of credit rassurante (traduction ici), je fais de la sous-location. C'est extrêmement courant dans cette ville où les baux sont d'une durée minimum obligatoire d'un an, sans option de rupture avec préavis de départ. Pour en savoir plus sur mes colocations précédentes, toutes plus rocambolesques les unes que les autres, c'est par ici, mais pour l'instant, je dois vous parler de l'une de mes colocataires actuelles. Parce que ce c'est une New Yorkaise. Une "vraie". Même pas importée comme mes colocataires précédentes. Je ne m'entends pas mieux avec elle qu'avec les autres, malheureusement... C'est une question de personnalité, certes. Disons que je suis une colocataire awesone "si et seulement si" (pour utiliser un terme de mon bac S) vous me le rendez bien. Mais c'est aussi une question de culture.

Je vais donc en profiter pour tenter d'esquisser un aperçu de la New Yorkaise dans son habitat naturel. Je vous préviens tout de suite, ce portrait sera forcement une généralisation inexacte (je ne suis pas une sociologue armée de chiffres!), bien que j'ai quelques enquêtes de terrain derrière moi! Premièrement, j'ai passé un an dans une université Ivy League de la Côte Est. Étudier et m'intégrer à la vie d'un campus américain était une expérience que me tenait à cœur, je l'ai vécue pleinement. L'Université en question ne se situe pas à New York même, mais la majorité de ses diplômés y atterri, (et la majorité de la majorité à Wall Street). Je croise ici par hasard des visages familiers régulièrement, ou inconnus, courant sur les bords de la rivière avec le pull à capuche aux couleurs de notre ancien college. Deuxièmement, le stage, puis job, que j'ai trouvé à New York m'a immédiatement catapulté dans un environnement professionnel entièrement américain. Enfin, et ça c'est le plus important pour moi, ma meilleure amie "locale" est une New Yorkaise pure souche, une autochtone à la fois typique et merveilleusement unique en son genre; et mon meilleur ami sans "e", mon boyfriend pour utiliser la terminologie américaine, n'est pas seulement mon Américain, il est plus précisément un New Yorkais born and raised. Conclusion: je suis une Française qui  passe souvent des journées entières sans avoir une seule conversation en Français...

Pourquoi vous parler de la New Yorkaise? Parce qu'elle est encore plus voyante, bruyante et fascinante que le New Yorkais (même si, cela va sans dire, mon Américain m'a très fortement tapé dans l'œil la première fois que je l'ai vu!). Alors, éliminons tout de suite les abominables clichés avec un petit  ping-pong culturel où tous les coups sont permis. Vue de la France, la New Yorkaise est une créature pulpeuse, qui parle fort, qui a les dents grandes et blanches (pour mieux te manger mon enfant!), les cheveux longs et lisses, qui est prompte à l'enthousiasme excessif, qui est superficiellement chaleureuse, et chaleureusement naïve. Vue des États-Unis, la Parisienne est hyper sexuelle mais pas très sexy (une rumeur persistante nous décrit comme sales et poilues!), snob, voire mal polie, elle reste mince sans effort et sans se priver, et elle sait nouer un foulard comme personne. Forcement il y a un peu de vrai (pas de fumée sans feu, dirons-nous), mais tentons un portrait-mosaïque que, j'espère, la New Yorkaise qui parle Français (si si, il y en a) lira avec autant de plaisir et de titillement que j'ai ressenti en lisant ce livre d'une Américaine ayant vécu à Paris: Entre nous. 

Observation #1: La New Yorkaise ne craint pas les variations de températures extrêmes.

Pour tout anthropologue en herbe, il s'agit d'une observation de base: en général, ce que la New Yorkaise a, (ou n'a pas) sur le dos saute aux yeux dès que l'on sort de chez soi. Je dis bien en général, car il y a toujours des exceptions, prenez par exemple mon Papa qui, en visite à New York, a plutôt tendance à observer le style architectural dans les rues, et la population ornithologique dans les parcs (et là c'est le moment de me rétorquer que pour certaines, les New Yorkaise sont des pintades...) Anyway, je m'égare. Ce que je voulais dire c'est que--et au moins toutes les lectrices assidues de ELLE, seront d'accord avec moi je pense--mis-à-part la couche vestimentaire supplémentaire obligatoire qu'exhibe la New Yorkaise par temps de neige, si on pouvait la déshabiller comme un oignon (fantasme de certains, I know), on se rendrait compte que, quelle que soit la saison, la New Yorkaise porte toujours les mêmes vêtements de base, les basics. Elle est une inconditionnelle du legging, du petit haut avec un pas petit décolleté, et du sous-vêtement Victoria's Secret (je précise que mes observations de visu s'arrêtent avant d'atteindre cette sous-couche).

Or, toute personne qui a passé un tant soit peu de temps de ce côté-ci de l'Atlantique s'accordera avec moi pour dire que la météo locale est rude! Alors elle fait comment la New Yorkaise? En été, elle se régale avec la clim' au bureau, au Starbucks, au supermarché, à la salle de sport, au cinéma, en voiture etc. (vous avez pigé le truc), et, si elle doit affronter la température extérieure, elle se munit d'un café glacé. En hiver, quand le mercure commence à descendre, elle se love dans ses Ugg boots. Pour les occasions casual ou spéciales, été comme hiver, elle continue de porter des leggings sans rien par dessus la journée, et des robes sans rien par dessous le soir.

J'ai beau être parfaitement aware (comme dirait JC Vandamme) de toutes ces astuces, moi personnellement je ne résiste pas aussi bien que la New Yorkaise aux variations extrêmes de températures. Parfois, notamment au mois de Juillet, j'ai violemment chaud (à essayer, les plateformes de métro); mais la plupart du temps, j'ai désespérément froid, car à mon bureau il règne une température constante de 70 degrés Fahrenheit qui, au bout de quelques minutes passées immobile (forcément) devant mon ordinateur, me transperce systématiquement! Alors voici où cette observation me mène: après plusieurs étés et hivers passés dans la grosse pomme, j'en conclue que la New Yorkaise a le sang plus chaud que la moyenne. Bien sûr, la confirmation de cette hypothèse nécessiterait un examen sanguin, ce qui est au dessus de mes compétences de bloggueuse-apprentie-sociologue.

Cependant, quand on y pense, à la différence du Français où l'on utilise le verbe avoir, en Anglais, on dit I am hot or cold, comme si c'était un état permanent. Ah! Je vais vous laisser méditer sur ces subtilités sémantiques, mais avant cela, je me dois quand même de tirer la sonnette d'alarme. En effet, selon moi, l'indifférence de la New Yorkaise face aux changements de températures extrêmes est un véritable problème politique. Pourquoi selon vous les Américains sont-ils en moyenne moins sensibles que nous aux conséquences du réchauffement climatique? Et bien c'est peut-être parce qu'avec leur über température corporelle, ils ne sont pas capables d'imaginer, ne serait-ce qu'à l'échelle individuelle, ce que cela peut vouloir dire. C'est très grave! Blague à part, si j'en entends encore un (et là, en l'occurrence, il s'agissait du petit ami d'une New Yorkaise) me dire qu'il ne croit pas au réchauffement climatique, je lui envoie Al Gore pour vraiment lui mettre le chaud aux fesses ...

Note pour la Française: bien s'accrocher à sa petite laine.

Observation #2: La New Yorkaise n'a rien à cacher.

Prenons un cas d'étude que j'aurais préféré observer de loin... Pendant tout l'été dernier, ma colocataire New Yorkaise a fait le choix de dormir sur le canapé-lit du salon, sacrifiant ainsi toute forme de privacy, afin de profiter pleinement de l'air conditionné, absent dans sa chambre (en ce qui concerne la dépendance à la clim', voir Observation #1). N'oublions pas de mentionner qu'à cette époque là, elle vivait avec son boyfriend, un étudiant qui dormait plus tard que tout le monde. Du coup le matin, je devais me faufiler telle une carpe entre leur "lit" et le meuble télé pour accéder à la cuisine, avec vue sur le boyfriend précédemment mentionné, étalé sur le dos comme mon chien Snoopy quand il dormait d'un sommeil de bienheureux! Tout ça pour vous expliquer que les frontières du pudique sont bien plus poreuses dans ce pays. Un comble quand on sait que les Françaises ont la réputation d'avoir un comportement "de proximité" (promiscuous en V.O, si vous voyez ce que je veux dire). Et il en va ainsi pour la salle de sport (les seins nus des Frenchies à la plage peuvent aller se rhabiller!), la rue (voir Observation #1, again), la maison donc, et même le bureau, où je ne supporte plus qu'on m'informe, directement ou indirectement par la magie de l'open-space, des maladies du chat, des enfants, ou de la mort des proches de mes collègues.

Note pour la Française: abandonner le slogan "pour vivre heureux vivons cachés"?
  
Observation #3 et suivantes: Comme j'ai encore beaucoup de choses à dire à propos de cette intrigante, la New Yorkaise, je vous propose de lire la suite dans le Chapitre 2. Et, en attendant, tous vos commentaires sont les bienvenus! 

Rétrospective: "Recherche New Yorkaise désespérément: Chapitre 1":
The Women (George Cukor, 1939)
Desperately Seeking Susan (Susan Seidelman, 1985)
The Day After Tomorrow (Roland Emmerich, 2004)

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